Foreigners in Malta (late sixteenth and seventeenth centuries)
Publié le 17/03/2011Anne BROGINI
(extraits)
INTRODUCTION
Une des caractéristiques des frontières est l’attraction. Espaces dynamiques sur un plan économique, elles favorisent la constitution de flux marchands et attirent des acteurs humains nombreux et divers. Les lieux-frontières sont alors caractérisés par des migrations importantes et par un intense cosmopolitisme. Dans le même temps, devant le danger que cela représente, les frontières de civilisation tendent à une uniformisation des modes de vie par le biais de la religion. Pour préserver l’identité frontalière, il faut que les étrangers soient ou deviennent identiques à la société qui les accueille. La frontière engendre l’assimilation ; en cela, le cosmopolitisme est très particulier.
Entre la fin du XVIe siècle et la fin du XVIIe siècle, le port de Malte est un bon exemple de ce cosmopolitisme de frontière. Après la phase guerrière du XVIe siècle, les activités économiques, corsaires et commerciales, connaissent dans cet espace en cours d’ouverture, un développement sans précédent, sous l’impulsion de l’Ordre qui exerce sa suzeraineté sur l’archipel. Ces activités attirent des acteurs non maltais en nombre de plus en plus grand, au point qu’au XVIIe siècle, des étrangers chrétiens comme non chrétiens résident régulièrement dans le port, de manière temporaire ou définitive. Dans le même temps, ce cosmopolitisme nouveau est soigneusement contrôlé par les autorités politiques et religieuses.
Cette étude s’articule donc autour de trois grands thèmes : une présentation des étrangers présents à Malte, l’évocation ensuite de leurs activités et leur répartition dans l’ensemble portuaire, et enfin la gestion du cosmopolitisme par les autorités insulaires.
I - UN PORT ATTRACTIF POUR LES ÉTRANGERS
C’est à partir de la fin du XVIe siècle, quand s’achèvent les grands conflits de civilisations en Méditerranée et que se développent la course et le commerce, auxquels Malte prend part, que le port de l’île s’ouvre à la venue de nombreux étrangers. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux au cours du XVIIe siècle et de nationalités ou de religions extrêmement différentes.
A - Des étrangers toujours plus nombreux
Nous possédons peu d’informations concernant la population portuaire avant le premier recensement effectué par l’Ordre en 1590. Au XVIIe siècle, d’autres décomptes ont lieu, menés par les chevaliers ou par l’Evêque de Malte, qui nous donnent une idée de la forte croissance démographique de l’espace portuaire maltais. Entre 1590 et 1670, la population doubla, passant de 10.000 habitants à la fin du XVIe siècle (Ordre, clergé maltais et esclaves compris) à environ 20.000 à la fin du siècle suivant (recensements de 1658 et de 1687).
L’accroissement démographique résulte à la fois d’une amélioration sensible des conditions de vie à Malte, grâce à la présence de l’Ordre qui assure un meilleur ravitaillement alimentaire de l’île et une assistance médicale ou hospitalière aux pauvres et aux malades, et de l’installation de nouveaux venus : aux Maltais pauvres quittant les campagnes s’ajoutent au XVIIe siècle des étrangers en nombre toujours plus grand.
En moins d’un siècle, le nombre d’étrangers est en effet multiplié par quatre, passant de 2.500 environ en 1590 à 8.500 environ en 1680. Grâce à un décompte des âmes (status animarum) réalisé lors de la visite épiscopale de 1668, nous savons que la population du Grand Port, composée de 21.000 personnes environ, se divise de la sorte :
- 2.500 religieux environ, parmi lesquels les membres de l’Ordre, les moines et le clergé maltais (soit 11,9% de la population totale)
- 2.000 esclaves musulmans et juifs (soit 9,5% du port)
- 8.100 Maltais (soit 38,5%)
- 8.500 étrangers (soit 39,5%)
Si l’on associe les esclaves aux étrangers chrétiens, nous obtenons le chiffre énorme de 10.500 étrangers dans tout l’ensemble portuaire, soit plus de la moitié des habitants ! À partir du milieu du XVIIe siècle, le Grand Port de Malte compte plus d’étrangers que d’insulaires. Ces étrangers sont de nationalités et de statuts très divers.
B - Des étrangers de nationalités et de statuts très divers
Les étrangers se répartissent en deux grandes catégories : les non chrétiens, qui sont majoritairement esclaves, et les Chrétiens qui sont tous de condition libre, hormis les esclaves qui se sont convertis au christianisme et n’ont pas recouvré leur liberté.
1. Les non chrétiens
Nécessaires au ravitaillement des chiourmes des galères de l’Ordre de Malte ou bien à tous les grands travaux de construction et de fortification de l’île qui sont menés à l’époque moderne, les esclaves sont assurément les étrangers non chrétiens les plus présents. Leur nombre s’est accru de 1.600 en 1599 à 2.000 environ au milieu du XVIIe siècle ; juifs et musulmans, ils occupent une place à part dans la société portuaire, puisqu’ils en sont théoriquement exclus, de par leur condition. Ils sont toutefois présents physiquement dans le port où ils sont concentrés (l’esclavage rural étant exceptionnel à l’époque moderne) et logés dans les trois Prisons des Esclaves de Vittoriosa et de La Valette. Ils sont reconnaissables à leur apparence : les Turcs sont rasés avec une natte ou une touffe de cheveux sur le sommet du crâne, tandis que les Barbaresques portent la barbe et le turban. Enfin, ils parlent leur propre langue, comme en témoignent des documents de 1602 qui relatent que les juifs prient et parlent en hébreu dans la Prison et dans la cité de Vittoriosa.
En ce qui concerne les non chrétiens libres, il s’agit de marchands et d’intermédiaires de rachat d’esclaves. Ils sont originaires aussi bien du Levant (Zante, Salonique, Andrinople pour les juifs ; Istanbul et Alexandrie pour les musulmans) que du Ponant (Tripoli, Jerba et Tunis pour les 2 religions + Venise pour les juifs). Leur présence est toujours temporaire, et de ce fait, impossible à chiffrer. Ils reçoivent du Grand Maître un sauf-conduit leur permettant de résider librement dans le port, selon une durée de quelques jours à quelques mois.
Parfois, le séjour peut être plus long, comme celui de Casoa Belmenda, un Maure de Tunis qui vit librement dans le Grand Port en 1622 et pratique le commerce avec la Barbarie. De même, en 1633, Isaac Aldech de Zante, a obtenu de l’Ordre un sauf-conduit pour tous les membres de sa famille, afin qu’ils puissent résider sans contrainte, durant trois ans, à La Valette sous la protection directe du Grand Maître, pendant qu’Aldech prend en charge le rachat de nombreux juifs et Maltais au Levant.
2. Les chrétiens
Ils sont de diverses nationalités. Les premiers à venir s’installer à Malte sont les Italiens, l’île faisant partie du royaume de Sicile depuis le Moyen Age ; jusqu’aux premières années du XVIIe siècle, ils représentent environ 40% des étrangers du milieu portuaire. Pour une forte majorité (plus de la moitié), ils sont originaires du sud de la péninsule, des royaumes de Sicile et de Naples. À leur côté, nous trouvons également des Génois et surtout des Vénitiens (qui représentent 15% des Italiens environ).
Dans l’ordre chronologique de leur installation, viennent ensuite les Grecs, qui comptent parmi les plus nombreux étrangers du Grand Port au XVIe siècle. Leur présence à Malte date de l’arrivée des Hospitaliers en 1530, qui avaient quitté Rhodes escortés d’un groupe de 1.000 à 2.000 Rhodiens. À la fin du XVIe siècle, ils se groupent en trois paroisses, situées à Vittoriosa (église Saint-Georges) et à La Valette (églises Sainte-Marie Damascène et Saint-Nicolas) et, selon la visite épiscopale de 1590 ne comptent plus que 192 personnes. La proportion des Grecs a en effet fortement décru au fil du siècle, au point qu’au milieu du XVIIe siècle, ils ne sont plus groupés qu’en deux paroisses, celle de Saint-Nicolas à La Valette ayant été supprimée, faute de fidèles. À cette époque les Grecs à Malte ne représentent plus « que » 13,5% des étrangers.
Les Grecs sont, pour une grande majorité, originaires des îles : 9,2% d’entre eux viennent de Rhodes, la communauté ayant conservé des liens avec son île d’origine ; d’autres sont originaires de Chypre (8,8%) ou d’îles plus proches géographiquement de Malte, comme la Crète (21%) ou Zante (8,6%). La présence relativement forte de Crétois à Malte s’explique par un afflux massif de Candiotes durant les années où l’Ordre soutient les Vénitiens dans leur lutte contre les Ottomans pour la conservation de Candie (1645-1669). En effet, durant cette période, les registres paroissiaux témoignent de l’installation et du mariage dans le port de 46 Candiotes, soit presque la moitié de tous ceux (99) qui s’étaient installés au cours des sept décennies précédentes (1575-1645).
Mais le groupe étranger le plus important au XVIIe siècle est incontestablement celui des Français, dont le nombre a plus que doublé entre 1600 et 1670 : leur part dans la population étrangère passe de 20% à la fin du XVIe siècle à plus de 43% à la fin du siècle suivant. Ils sont presque tous (95% d’entre eux) originaires de Marseille et du littoral provençal (Six-Fours, Saint-Tropez, Cassis).
Nous trouvons encore quelques étrangers natifs de la péninsule ibérique, présents de manière régulièrement mais faible (3% des étrangers environ), ainsi que des Anglais et des Flamands qui commencent à s’installer à Malte dans les années 1620-1650.
Enfin, dans la seconde moitié du XVIIe siècle, nous observons la présence de plus en plus sensible de Russes, de Slaves et d’étrangers originaires de la péninsule balkanique. Leur venue à Malte résulte de l’augmentation de la proportion d’hommes d’Europe centrale et orientale dans les chiourmes des galères ottomanes à partir du milieu du siècle. Les corsaires et les chevaliers de Malte capturant régulièrement au Levant les navires turcs et libérant les esclaves chrétiens ou faisant comparaître les renégats devant l’Inquisition, le nombre de Slaves a donc augmenté à Malte. Car bien souvent, une fois libérés dans le port ou réconciliés, ces hommes choisissent de vivre à Malte, épousent une insulaire et se mettent au service de l’Ordre.
En effet, si les étrangers chrétiens viennent en si grand nombre s’établir à Malte, c’est bien parce que son port constitue au XVIIe siècle un important bassin d’emplois, essentiellement liés aux activités maritimes.
II - L’IMPLANTATION ET L’ACTIVITE DES ÉTRANGERS
A - Les métiers des étrangers
Le principal pourvoyeur d’emplois est évidemment l’Ordre, qui a donné toute son impulsion économique au port par le développement de la course et par la pratique du commerce nécessaire à la fois au ravitaillement alimentaire de l’archipel et à l’écoulement des butins. L’Ordre offre donc des possibilités de métiers très diversifiés : soldats sur les navires ou bien dans le port, pour protéger l’île de toute attaque corsaire ou militaire musulmane, galiots ou marins sur les galères, ou encore toutes les fonctions que l’on trouve ordinairement sur les navires (comites et sous-comites de galères, cuisiniers, barbiers, chirurgiens, timoniers, écrivains...).
Pour ne citer que quelques exemples, en 1569, le candiote Bernardino (DE CANDIA) s’installe à Vittoriosa après s’être engagé comme argousin sur les galères de l’Ordre.
De même, en 1625, un marin flamand nommé Giacomo JAN, s’installe à Senglea pour travailler au service l’Ordre ou de tout propriétaire de navire qui souhaite l’embaucher.
Nombre d’étrangers viennent également à Malte pour y pratiquer la course ou le commerce, à la fois comme petit négociant ou comme intermédiaire de rachat d’esclaves. Les Français sont les plus actifs : 31% des corsaires laïcs sont provençaux ou marseillais, contre seulement 11% de Siciliens et 4% de Grecs (le reste des corsaires étant des Maltais). Les Français dominent également le commerce et représentent plus de la moitié des marchands de Malte. Ils s’illustrent particulièrement dans le commerce avec la rive musulmane barbaresque (Tunis et Tabarka pour le trafic du corail, Tripoli) et levantine (Alexandrie, Smyrne, Istanbul).
Ainsi, en 1655, le marchand provençal Jean RAYMOND vient s’établir à La Valette pour pratiquer un commerce régulier avec Tunis.
Les marchands constituent rapidement des familles, comme celle des DANIEL qui domine le trafic maltais du début du XVIIe siècle : l’un des frères, Louis/Aloisio, s’installe et se marie à Bormula/Cospicua en 1605 avec une insulaire. Elle est veuve de Pietro BONNICI.
tandis que son frère Jacques le soutient dans ses activités depuis Six-Fours et Marseille (Cf. contrat de commerce liant Jacques et Louis dans un voyage commercial à Alexandrie. Ensemble, ils pratiquent le commerce avec la rive musulmane et font office d’intermédiaires de rachat entre Malte et Tunis.
Il en va de même pour la famille OLIVIER de Marseille qui, au milieu du siècle, s’illustre dans le trafic avec le Levant : dans les années 1620, les frères Claude et Jamet s’installent et prennent femme à Senglea puis la famille s’élargit au point qu’en 1645, un des fils, Claude, s’installe à La Valette.
Toutefois, les activités des étrangers à Malte ne se limitaient pas aux seuls métiers de la mer. Nombre d’entre eux sont artisans (chausseurs, tailleurs, petits boutiquiers), taverniers, aubergistes : pour ne citer qu’un exemple, en 1621, une certaine Agata de Catalogne, veuve, épouse un Maltais avec lequel elle ouvre et tient une auberge dans le port. Mais surtout, l’Ordre offre des charges de médecins, de chirurgiens, d’herboristes dans son Infirmerie de La Valette, comme le Sicilien Giuseppe Lancelotto de Catane, qui vient s’installer à La Valette en 1645, pour officier en tant que médecin de l’Infirmerie.
Pareillement, en 1655, le Français Jean MEYSONAT est employé comme herboriste.
L’évocation rapide des métiers témoigne de ce que les immigrés à Malte sont bien souvent de petits acteurs commerciaux, qui pratiquent des activités plurielles et cumulent les fonctions de marchands, de corsaires, d’armateurs ou d’intermédiaires de rachat. Peu de grandes entreprises marchandes existent, exception faite de quelques familles françaises dont nous avons parlé. Nous observons cependant qu’une répartition socio-professionnelle s’esquisse dans les quatre cités portuaires.
B - La répartition des étrangers dans le Grand Port
Le cosmopolitisme à Malte n’est pas homogène et les quatre cités attirent de manière forte différente les nouveaux immigrés. Nous observons que les Trois-Cités (Vittoriosa, Senglea et Bormula) sont bien plus cosmopolites que La Valette : si les Trois-Cités concentrent entre 37% (pour Vittoriosa) et 43% d’étrangers (Bormula), La Valette n’en groupe que 26,7%.
Vittoriosa et Senglea, qui sont les plus anciennes villes portuaires, présentent des similitudes dans leur physionomie et dans l’histoire de leur peuplement. Ceintes de remparts, et ne pouvant de ce fait s’accroître à l’infini, elles ont été peuplées au cours du XVIe siècle, au moment des vagues successives d’immigration d’Italiens et de Rhodiens, venus s’établir avec l’Ordre en 1530, ainsi que des premiers Français, arrivés à l’extrême fin du siècle. Au XVIIe siècle, leur population est stabilisée autour de 2.800 à 3.100 habitants pour Vittoriosa et autour de 3.000 à 3 500 pour Senglea.
Au sein de ces populations, les étrangers grecs, italiens et français sont dominants depuis le XVIe siècle. Entre 1575 et 1610, ils représentent 95% de la population étrangère de Vittoriosa (soit 268 mariages sur 282) et 90,2% de celle de Senglea (soit 121 mariages sur 134). Grecs et Italiens sont les plus présents : ils représentent 72,7% des étrangers de Vittoriosa et 73,2% de ceux de Senglea. Au XVIIe siècle encore, entre 1640 et 1670, les trois nationalités représentent, pour Vittoriosa, 86,5% des mariages d’étrangers et pour Senglea, 41,9%. Mais à cette époque, les Français sont mieux établis dans les deux villes, surtout à Senglea, et représentent désormais 37,3% des immigrés de Vittoriosa et 44,1% de ceux de Senglea.
Les deux cités, qui ont connu un développement simultané, attirent sensiblement les mêmes catégories de nouveaux venus : ce sont surtout des marchands français ou maltais, des capitaines de navires, des intermédiaires de rachat qui y résident. Par exemple, la grande famille marchande maltaise des Rispolo y établit résidence, de même que celle des Olivier de Marseille dont nous avons déjà parlé.
Auprès des jumelles Vittoriosa-Senglea, deux autres cités connaissent un destin totalement différent : la prestigieuse La Valette, nouvelle capitale de l’archipel et nouveau siège du Couvent depuis 1571, s’oppose à la populeuse Bormula (qui deviendra Cospicua), petite excroissance urbaine aux marges de Vittoriosa et de Senglea.
Nous avons dit que La Valette, symbole du développement du Grand Port, puisque la fin de sa construction en 1575, coïncide avec l’ouverture de l’île aux échanges corsaires et commerciaux du XVIIe siècle, est assez paradoxalement la moins cosmopolite des villes portuaires, avec une faible proportion de 26,7% d’étrangers. Cela est dû d’abord à la présence de l’Ordre, qui représente environ 2 000 personnes, et à la forte représentation du clergé maltais, qui rassemble 300 moines et 50 prêtres environ, selon le décompte effectué lors de la visite épiscopale de 1668.
De ce fait, sur une population qui, en 1681, s’élève 8 026 habitants, nous pouvons calculer que les religieux représentent déjà à La Valette le tiers de la population urbaine ! À cela s’ajoute un autre facteur explicatif : la fin de la construction de la cité, en 1575, a en effet coïncidé avec le début d’un fort exode rural, durant lequel nombre d’insulaires, fuyant la pauvreté et la famine des campagnes, sont venus s’installer dans le port, et habiter la nouvelle capitale encore peu peuplée.
Les étrangers que La Valette a attirés depuis sa construction sont donc majoritairement les Français, dont l’arrivée massive commence dans les années 1590-1610 : durant tout le XVIIe siècle, plus de 52% des étrangers de la capitale sont des Français, qui totalisent 668 unions sur un total de 1275 mariages d’étrangers. Les autres étrangers très présents sont les Italiens dont l’immigration à Malte ne s’est jamais tarie à l’époque moderne. En revanche, la proportion des Grecs est extrêmement faible (5%) par rapport à Senglea et à Vittoriosa. Cité prestigieuse par excellence, symbole politique de la victoire maltaise sur les Turcs en 1565 et résidence de l’Ordre, La Valette attire les catégories sociales les plus aisées de la population insulaire ou étrangère : grands bourgeois, robins maltais, soldats étrangers, grands médecins et chirurgiens maltais ou étrangers,
À l’opposé de La Valette, Bormula est à la même époque la plus cosmopolite des cités maltaises. Née à la fin du XVIe siècle de l’accroissement démographique de Senglea et de Vittoriosa, dépourvue de remparts jusqu’à la fin du XVIIe siècle, elle s’accroît considérablement au fil du siècle, passant de 1 396 habitants en 1614 à 2 662 en 1658. Plusieurs Français, Italiens, Grecs mais également des Anglais et des Hollandais se massent dans ses petits quartiers.
Les Français sont encore une fois majoritaires et représentent plus du tiers des étrangers, suivis des Italiens et des Grecs, qui totalisent 43% des unions, et des Nordiques (5% de la population étrangère). Les registres paroissiaux illustrent de manière évidente la dimension populaire de la petite cité : c’est là que nous trouvons le plus grand nombre de marins, de galiots, de petits corsaires et de pêcheurs maltais ou étrangers.
- Cahiers de la Méditerranée Volume 67
- Images Diaporama « Malta-Ago »
Publié avec l’aimable autorisation de Anne BROGINI
- Economic life in Malta in the 18th century, Aurore Verié
- Foreigners in Malta (late sixteenth and seventeenth centuries), Anne Brogini
- The Maltese language, a linguistic crossroads, Martine VANHOVE
- The Jews in Malta, Aurore Verié
- The French in Algeria from 1830 to today (excerpts), Jeannine VERDES-LEROUX
- The emigration of Maltese in Algeria in the nineteenth century, Marc DONATO
- Malta in "A Winter in Egypt" (excerpts), Eugène Poitou
- The Maltese in Tunisia before the Protectorate (excerpts), Andrea L. SMITH
- The population of Malta in the seventeenth century, a reflection of modernity (excerpts), Anne Brogini
- The fear of the French Revolution in Malta, Frans CIAPPARA
- The Siege of Malta by Napoleon Bonaparte (excerpts)
- Malte, frontière de chrétienté (1530-1670), de Anne BROGINI
- L’esclavage au quotidien à Malte au xvie siècle, de Anne BROGINI
- Noblesse maltaise et généalogie, de Loïck PORTELLI